Atelier présidé par Philippe Güttinger, Université Paris Ouest Nanterre-La Défense ; rapporteur : Sophie Bonin, École nationale supérieure du paysage Versailles Marseille

Deux outils ont été présentés, qui sont à la fois liés à la production de connaissances, et à leur valorisation, en rendant accessible des résultats de recherches. Ils s’adressent ainsi aussi bien aux chercheurs qu’aux acteurs et se présentent comme des « méta-outils » :

  • le graphe paysager (Jean-Christophe Foltête, GRAFAB), propose une représentation synthétique, simple, d’un réseau écologique tracé en nœuds et liens, à une échelle régionale. Il permet de hiérarchiser les savoirs acquis quant à la présence, effective ou potentielle, d’une espèce, et quant à sa circulation. Ainsi, le graphe permet de visualiser où protéger, comment améliorer le réseau –notamment en créant de nouvelles continuités, et d’évaluer les impacts des aménagements.

  • Les synthèses de faits avérés, plates-formes collaboratives (Barbara Livoreil, FRB), développées au niveau européen en lien avec les questionnements des décideurs. L’objectif est de rassembler les certitudes acquises scientifiquement sur des questions environnementales souvent complexes, et de préciser la fiabilité mais aussi les champs encore non explorés.

Cette façon d’aborder les problèmes fait aussi écho aux inventaires de situations exemplaires, de pratiques innovantes, où on ne cherche pas tant l’exhaustivité que le singulier (projet CERGY). Mais ces outils ont en commun d’être des réactions au problème d’accessibilité des résultats, dans un monde de la recherche avec de multiples porteurs de connaissance, associés à des champs disciplinaires variés, dans une complexité inhérente à l’approche paysagère.

En effet, les outils développés dans les projets du programme restent très liés à des hypothèses et des paradigmes associés à des disciplines, ne permettant pas alors de rendre compte de cette complexité, de façon presque inévitable. Ainsi, le graphe paysager est fondé sur l’hypothèse de la connectivité faunistique comme prescripteur pour améliorer la biodiversité ; la cartophonie s’intéresse à l’ambiance sonore dans une hypothèse sur les relations entre sensible et bien être. Les projets se trouvent alors devant un enjeu majeur qui est la mise en relation des boites à outils, pour croiser les résultats dans des processus soit à étape (les résultats d’un outil sont réappropriés pour une autre étape) soit à l’aide d’un groupe de travail transversal.

Finalement, tous les projets cherchent dans ces outils à donner à voir des espaces (travaux sur les modes de représentation) ou à saisir des fonctionnements (travaux sur la modélisation spatiale et l’intégration de données) : cela produit en fait de nouveaux questionnements pour les acteurs, et peut même avoir des effets performatifs sur lesquels il faut aussi réfléchir. Cela renverse en effet le rapport entre chercheurs et acteurs, en mettant en évidence le rôle des acteurs face à la connaissance scientifique, qui est aussi faite d’angles morts, d’incertitudes, de questions omises, de causes inconnues. Au final, la mise en œuvre de ces outils interroge la place du politique –voire de la « société civile » - par rapport à l’intervention des scientifiques, la place du décideur par rapport au chercheur. Il y a alors à développer une éthique du chercheur pour qu’il explique avec insistance et pédagogie le cadre et les limites des résultats montrés. Il y a même un réel besoin d’animation qui se manifeste autour de l’appropriation des connaissances par les acteurs, et qui déborde largement la problématique des outils.