[2018] Bassins autoroutiers et territoires adjacents dans la conservation des amphibiens : un système socio-écologique à construire ?
L'important déclin de la biodiversité s’accompagne de sa prise en compte dans les projets et la gestion d’infrastructures de transport dont les larges emprises ne sont pas totalement hermétiques à la présence d’une faune et une flore qui représentent souvent un intérêt écologique. Cette démarche tend à requalifier les infrastructures de transport en faveur de la biodiversité, sans toutefois nuire à leur bon fonctionnement ni à faire baisser les exigences techniques ou de sécurité.
Au carrefour entre écologie et géographie, cette thèse questionne les processus de colonisation spontanée des amphibiens sur les sites industriels que constituent les bassins d'eaux pluviales autoroutiers ainsi que le rôle des modes de gestion appliqués à ces bassins comme facteurs d'attractivité pour les amphibiens. Cette thèse interroge également les stratégies territoriales développées autour des infrastructures autoroutières pour intégrer ces potentiels nouveaux sites de biodiversité aux projets des territoires traversés, en investissant le domaine de la recherche-action. Ces questionnements sont envisagés dans un objectif d'adéquation entre gestion technique et gestion écologique des bassins autoroutiers mais également dans l'idée d'une appréhension globale du territoire de vie des amphibiens par les acteurs en charge de leur conservation.
Le choix des amphibiens tient dans leur caractéristiques d'être des taxons révélateurs des potentialités d'accueil de la biodiversité des sites industriels ; potentialités qui posent de nouveaux enjeux aux gestionnaires d'infrastructure en matière de gestion, mais également aux scientifiques en matière de conservation des habitats et des écosystèmes. Le choix des amphibiens tient également dans la spécificité de leur mode de vie biphasique. Alternant entre des sites aquatiques et terrestres, les amphibiens sont caractérisés par une unité territoriale fonctionnelle qui transcende les territoires définis par les sociétés humaines. C'est donc l'adaptabilité des processus de gestion et de partenariat des acteurs concernés par la conservation des amphibiens à l'intérieur et en relation à cet espace géographique spécifique qui sera analysée.
Afin de répondre à ces différents questionnements, 3 étapes de terrain sont envisagées pour le printemps 2018 en région Auvergne sur les infrastructures du réseau APRR. La première consiste en une série d'entretiens semi-directifs avec les différents acteurs concernés par la gestion des amphibiens et de leurs habitats sur et à proximité des autoroutes. Les entretiens seront centrés sur les conditions de la mise en place d'un partenariat pouvant aboutir à une gestion partagée de ces espaces, ainsi que sur les intérêts de chacun et les modalités de ce partenariat. La deuxième étape consiste à recenser les amphibiens présents dans les bassins autoroutiers à l'aide de la méthode ADN Environnemental. Cette étape permettra de comparer les données récoltées aux modes de gestion des bassins (curage, faucardage etc.) afin d'évaluer l'impact (positif ou négatif) d'une gestion technique des bassins autoroutiers sur les amphibiens qui les colonisent. Enfin, la 3ème étape consiste à identifier les habitats terrestres disponibles et les continuités écologiques potentielles ou existantes entre ces habitats terrestres et les bassins autoroutiers. L'objectif de cette thèse est donc d'envisager les conditions d'une potentielle adéquation entre gestion technique et gestion écologique sur et à proximité des autoroutes en faveur des amphibiens.