PADIT
- Paysage alimentaire et développement d’une interface de transport. Les systèmes alimentaires en Guadeloupe, entre globalisation et territoire
Paysage alimentaire et développement d’une interface de transport. Les systèmes alimentaires en Guadeloupe, entre globalisation et territoire
La lutte contre l’enclavement apparait comme une nécessité à de nombreux acteurs locaux porteurs de projets de développement. Ainsi, les responsables territoriaux en appellent à l’installation d’interfaces de transport sur leur territoire. Cette problématique fait particulièrement sens pour les territoires périphériques. En connectant ces territoires aux réseaux qui supportent différents flux, ces interfaces facilitent les entrées et les sorties de marchandises, de personnes et d’informations. Par conséquent, elles drainent et irriguent ces territoires.
Le projet PADIT s’intéresse aux effets du développement d’une interface de transport (un port) sur le paysage alimentaire d’un territoire périphérique (la Guadeloupe). En 2021, le grand port maritime de la Guadeloupe revendiquait 95 % des échanges de marchandises entre l’archipel. Ces échanges sont dominés par les importations qui contribuent à plus de 75 % de l’alimentation de ce territoire. Parallèlement, les collectivités territoriales en Guadeloupe s’impliquent dans la mise en œuvre de dispositifs de reterritorialisation de l’alimentation en développant des dispositifs tels que les Projets Alimentaires Territoriaux. La Guadeloupe et son port apparaissent ainsi comme un véritable laboratoire grandeur nature pour suivre les effets du développement d’une interface de transport sur un territoire et comprendre les rôles joués par les opérateurs de ces grandes infrastructures dans la transition agroécologique et alimentaire locale.
Pour saisir ces effets, le projet PADIT travaille à l’échelle du système alimentaire. Ce choix invite à interroger les diverses composantes de ce système : des importations et des productions aux systèmes de consommation en passant par les chaines de transformation et de commercialisation.
En accord avec la littérature, le projet PADIT considère que le maintien des petites agricultures familiales est un gage de conservation de l’agrobiodiversité mais aussi de résilience territoriale.
Notre hypothèse principale est que le développement portuaire contribue à la déstructuration / restructuration des systèmes alimentaires locaux.
Trois hypothèses secondaires structurent notre démarche :
- Le développement portuaire favorise la standardisation du régime alimentaire au détriment des cultures et des arts culinaires dits traditionnels.
- Mais un effet rebond apparait qui réarme les systèmes alimentaires territoriaux guadeloupéens.
- Ces dynamiques révèlent les attachements et les valeurs liées aux aliments, aux manières de les produire et aux paysages associés. Ces attachements et ces valeurs peuvent alors être intégrées aux concertations qui accompagnent la définition et la mise en œuvre d’actions publiques.
Pour tester ces hypothèses, notre démarche s’articule en trois étapes liées structurant les axes scientifiques (WP) du projet PADIT : (i) préciser l’offre alimentaire guadeloupéenne présente et passée en soulignant la place qu’y joue le système portuaire, (ii) saisir les valeurs et les imaginaires en jeu dans la demande alimentaire et analyser la manière dont les dimensions socioculturelles (rapport au territoire et à ses représentations paysagères notamment) sont traduites, (iii) documenter les rôles joués par les acteurs portuaires dans la gouvernance des systèmes alimentaires territoriaux et la définition des politiques publiques liées à l’alimentation.