PEPITE
- Préférences sociales pour des caractéristiques écologiques et paysagères d’infrastructures de transports à l’échelle des territoires
Préférences sociales pour des caractéristiques écologiques et paysagères d’infrastructures de transports à l’échelle des territoires
Le déclin de la biodiversité, aggravé par le développement des infrastructures et l'urbanisation, est un enjeu majeur. Le développement des Infrastructures Linéaires de Transport (ILT) contribue à la perte et à la fragmentation des habitats naturels. Le projet PÉPITE examine comment les ILT et leurs emprises peuvent être mieux intégrées dans les paysages et plus respectueux des enjeux écologiques afin d’atténuer leurs impacts sur l’environnement. Cependant, l’intégration écologique des ILT peut avoir un impact sur certaines caractéristiques, ou encore certains services « premiers » rendus par les ILT tels que l’accès aux infrastructures et à leurs abords, et le temps de trajet. C’est précisément ce à quoi le projet de recherche PÉPITE tente de répondre en étudiant les Préférences des citoyens pour des caractéristiques Écologiques et Paysagères d’Infrastructures de Transports à l’échelle des tErritoires. Le projet vise alors à comprendre quels compromis les citoyens sont prêts à faire sur les services rendus par les ILT pour des raisons environnementales. Le projet est interdisciplinaire en rassemblant sept chercheurs de cinq laboratoires de recherche dans des domaines variés tels que l'économie de l'environnement, l'économie écologique, l'écologie des paysages, et les sciences de l'information spatiale. Dans une démarche de « recherche-action », le projet favorise l'interaction entre chercheurs et acteurs du territoire, incluant la Région Occitanie, l'Établissement Public Régional Port Sud de France, et Voies Navigables de France.
Les transports représentent une part significative des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. La transition vers des transports publics à faible émission de carbone est cruciale pour atteindre les objectifs de neutralité carbone. Les projets de tramway, un transport collectif à énergie non carbonée, sont choisis pour cette analyse, s'inscrivant dans les objectifs de la Loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019 pour une neutralité carbone en 2050. Dans ce projet, nous avons étudié deux types d’infrastructures à des échelles territoriales complémentaires : les projets d’extension de lignes de tramway à l’échelle nationale, et le canal du Rhône à Sète situé au sein de la Région Occitanie.
Le projet se divise en deux parties. La première partie vise à comprendre les arbitrages que les citoyens sont prêts à faire entre les enjeux écologiques et les variations de temps de transport dans leurs déplacements quotidiens dans le cas de projets réels d’extension de lignes de tramway à l’échelle de la France. La seconde partie étudie la construction des préférences collectives des citoyens pour l'aménagement du territoire lié aux ILT, avec le cas spécifique du Canal du Rhône à Sète. Utilisé pour le fret fluvial et le tourisme, le canal est menacé par la montée des eaux et la dégradation de ses berges. Des travaux coûteux et écologiquement impactant seraient nécessaires pour maintenir ces activités. VNF et la Région doivent concilier réduction de l'empreinte carbone et préservation des paysages et de la biodiversité.
Une enquête nationale, utilisant la méthode de l’expérience de choix discrets, a recueilli les préférences de 1094 répondants sur des projets d'extension de lignes de tramway. L’enquête évaluait la disposition des individus à augmenter leur temps de trajet selon quatre attributs : couverture arborée, accès à une zone naturelle, richesse et abondance des espèces d’oiseaux, et types d'espèces et leurs habitats. Les résultats montrent globalement une désutilité générale à passer plus de temps dans les transports, mais une meilleure intégration paysagère et des possibilités d’usage de la nature le long des voies de tramway rendent les individus plus disposés à prolonger leurs temps de trajet. Également, le sentiment d’inclusion des individus à la nature et le fait de recevoir de l’information sur le déclin de la biodiversité impactent significativement la propension des individus à accepter de passer plus de temps dans les transports. La seconde partie du projet utilise un jeu de plateau pour étudier la délibération collective sur le cas du Canal du Rhône à Sète. Les résultats révèlent que la co-construction des préférences améliore la connaissance des individus et favorise le choix de scénarios à moindre impact écologique. Le projet met en lumière une forte demande sociale pour une meilleure intégration des ILT, essentielle pour orienter les politiques publiques et sensibiliser aux enjeux environnementaux.
Responsable(s) scientifique(s)
Vaissiere- Anne-Charlotte
- Laboratoire Écologie, Systématique, Évolution (ESE), Unité Mixte de Recherche 8079
- anne-charlotte.vaissiere@u-psud.fr
Responsable(s) scientifique(s)
Coralie- Calvet
- Université Paul Valéry Montpellier, UMRs CEE-M et CEFE
- calvetcoralie@gmail.com
- Présentation