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- Infrastructures de navigation fluviale et biodiversité : impacts et opportunités pour la gestion du paysage navigable
Infrastructures de navigation fluviale et biodiversité : impacts et opportunités pour la gestion du paysage navigable
Face aux changements globaux, la navigation fluviale est considérée comme l’une des alternatives de transport les plus prometteuses pour accompagner la transition écologique en Europe et atteindre son objectif de neutralité climatique à l’horizon de 2050. Toutefois, le secteur est confronté à un dilemme : d’un côté, il doit développer ses infrastructures pour favoriser et étendre ces alternatives durables de transport ; d’un autre, les modifications éco-morphologiques des fleuves qu’implique un tel développement risquent d’affecter la biodiversité et la résilience des écosystèmes aquatiques.
Une question centrale pour une gestion durable des voies navigables est donc de savoir quels sont les impacts de la navigation et des infrastructures associées sur la biodiversité, et comment les atténuer.
Les pistes actuellement disponibles pour résoudre cette question reposent sur des études éparses et locales dont il est difficile de tirer des généralités, notamment du fait de la forte dépendance des conclusions au contexte et à l’échelle spatiale de ces évaluations. Comprendre les effets directs et indirects des infrastructures de transport sur la biodiversité selon les échelles spatiales et les territoires permettrait de d’adapter les aménagements et les mesures de gestion. C’est pourquoi nous avons besoin d’une synthèse et analyse scientifique basées sur un ensemble représentatif de données, dans des contextes variés, et sur une étendue suffisamment large pour produire des recommandations qui soient pertinentes à travers les échelles.
Nous proposons donc un projet de synthèse et analyse de données européennes pour étudier les relations entre activités de navigation, les infrastructures de navigation fluviale associées (INIs) et la biodiversité à travers différents contextes et échelles spatiales.
Nos objectifs spécifiques sont de : (i) quantifier les effets de la navigation et des INIs sur la biodiversité taxonomique et fonctionnelle et mieux comprendre les relations INIs-biodiversité, (ii) évaluer la contexte-dépendance des relations INIs-biodiversité en déterminant le rôle du paysage, de la zone riparienne et des territoires dans ces relations, et (iii) évaluer l’échelle-dépendance de ces relations à travers l’analyse de différents découpages territoriaux qui soient pertinents pour des enjeux à la fois écologiques et socio-économiques, dans une recherche de compromis spatiaux pour la gestion des voies navigables.
Pour répondre à ces objectifs, nous adopterons deux niveaux complémentaires d’analyse sur trois groupes taxonomiques (poissons, invertébrés et végétation riparienne). (i) Au niveau européen, sur des données de large étendue et par des approches patron-orientées, nous évaluerons les effets généraux sur la biodiversité de gradients principaux d’intensité de navigation et d’INIs en interaction avec les types de paysage (e.g. couvert agricole vs. milieux urbanisés vs. forêt riparienne) et de territoires (e.g. gestion de bassins vs. réseau de zones protégées). (ii) Au niveau transnational, sur plus de 30 jeux de données de biodiversité de fine résolution spatio-temporelle sur des fleuves situés en contextes contrastés, et disposant d’information extensive sur les INIs et l’environnement local, nous éluciderons plus en détail les mécanismes sous-tendant potentiellement les relations INIs-biodiversité et leur contexte-dépendance.
Ce travail fournira une base de connaissances synthétique et solide ainsi qu’une série de recommandations pour aider à la priorisation des actions de gestion et de restauration adaptées aux contextes. Nos recommandations guideront également les politiques dans l’identification des échelles auxquelles concevoir les mesures de gestion pour assurer leur cohérence à travers les territoires. Enfin, nous mettrons en lumière les opportunités pour les INIs de contribuer à la multifonctionnalité des paysages.