AQUOUSTIC
- Evaluation des impacts acoustiques engendrés par les travaux de réfection et de construction des infrastructures de transport sur les mollusques d’eau douce
Evaluation des impacts acoustiques engendrés par les travaux de réfection et de construction des infrastructures de transport sur les mollusques d’eau douce
Les hydrosystèmes sont des voies de communications et de commerces importantes. La densification des zones urbaines et l’accélération des flux de marchandises et de personnes ont entrainé un aménagement majeur du paysage, impactant également les fleuves et les rivières, déjà particulièrement exposés au changement climatique.
Lors de travaux de construction à proximité ou dans la rivière ou lors de la réfection des ponts, des ondes acoustiques sont produites. Elles se propagent non seulement dans l’eau mais aussi dans le substrat. Les habitats et les espèces environnantes, notamment la malacofaune, sont alors impactés.
Les moules d’eau douce sont des espèces sensibles : trois espèces sont protégées dont une en danger critique d’extinction, une autre en danger d’extinction et un tier des espèces autochtones patrimoniales présentes en France sont au moins quasi menacées d’extinction. Les moules ont des capacités de mobilités extrêmement limitées. De ce fait, elles sont dans l’incapacité de fuir les perturbations engendrées par les travaux.
Si l’impact acoustique est de plus en plus pris en compte dans la réglementation marine, c’est loin d’être le cas en milieu fluvial. Pourtant, plusieurs études ont montré que les ondes acoustiques et vibratoires peuvent entraîner des conséquences plus ou moins fortes sur les individus (allant parfois jusqu’à la mort des adultes et des larves). Les recherches sur les impacts acoustiques sur les bivalves sont encore très limitées et principalement réalisées en laboratoire ou en milieu marin. Il est donc urgent d’améliorer les connaissances dans ce domaine.
Pour mieux comprendre les impacts acoustiques sur les moules d’eau douce, le projet AQUOUSTIC a pour objectif d’améliorer les connaissances sur les impacts acoustiques sur les moules d’eau douce en utilisant trois espèces : la Corbicule asiatique (Corbicula fluminea), l’Anodonte Chinoise (Sinanodonta woodiana) et la Mulette des peintres (Unio pictorum).
Le projet se décompose en deux phases :
- Une phase laboratoire pour déterminer les seuils de sensibilité aux ondes acoustiques et vibratoires des moules face à un impact acoustique. Les individus seront installés dans des aquariums et soumis à une source sonore et vibratoire modélisant l’impact d’un battage de pieux ;
- Une phase in situ sur deux sites dans la Loire et un sur la Seine permettant de suivre la propagation des ondes générées par les travaux dans le milieu selon la distance à la source ainsi que de définir des seuils d’impacts sur les moules selon l’intensité des ondes. Plusieurs méthodes expérimentales seront mises en œuvre : le suivi des ondes acoustiques par un réseau d’hydrophone, le suivi des impacts sur les moules par valvométrie et quadrats.
Ces résultats permettront de cartographier l’intensité des ondes produites lors de travaux d’infrastructure de transport ainsi que le niveau d’impact sur les moules et de définir les seuils de sensibilité des moules face à un impact acoustique. A l’aide de ces analyses, il sera alors possible de définir des mesures ERC (Eviter – Réduire – Compenser) permettant de mieux prendre en compte les bivalves d’eau douce dans les projets d’aménagements ou de réfection d’infrastructures de transport.
Responsable(s) scientifique(s)
Laurent- PHILIPPE
- Biotope SAS
- lphilippe@biotope.fr